La 7e limite planétaire est officiellement dépassée : l’acidification des océans

©Crédit Photographie : PIK / montage Valentine Michel

Dans le rapport « Planetary Health Check », l’Institut de recherche sur le climat de Potsdam (PIK) alerte : parmi les neuf « limites planétaires » définies en 2009, la septième vient d’être officiellement dépassée.

Ce concept, initié par Johan Rockström et un groupe de 28 scientifiques internationaux, vise à identifier les grands systèmes naturels essentiels à la stabilité et à la résilience de la Terre, du climat, de la biodiversité ou encore des forêts. L’objectif est de déterminer des frontières planétaires dans lesquelles l’humanité peut continuer à se développer sans mettre en péril l’équilibre de la planète. En 2009, trois de ces limites étaient déjà franchies. En 2025, elles sont désormais sept.

L’acidification des océans, qui touche principalement les régions polaires et l’océan Austral, est causée par l’absorption par les mers du dioxyde de carbone émis notamment par la combustion de charbon, de pétrole et de gaz. Dissous dans l’eau, le CO₂ abaisse le pH des océans, rendant l’eau plus acide. Depuis le début de l’ère industrielle, cette acidité a augmenté de 30 à 40 %, soit une chute de 0,1 unité de pH.

Source : Ocean Acidification: Another Planetary Boundary Crossed (2025)

Pour mesurer le dépassement de cette limite, les scientifiques utilisent l’état de saturation de l’aragonite (Ω), qui reflète la disponibilité du carbonate nécessaire à la formation stable de ce minéral. La limite planétaire a été fixée à 2,86 — soit 80 % de la valeur préindustrielle de 3,57 — pour éviter une sous-saturation à grande échelle et protéger les calcificateurs marins. Selon les données actuelles, cette limite est franchie, confirmant la première alerte publiée en juin 2025. Des études antérieures, plus strictes, indiquaient même que l’acidification avait dépassé un seuil écologique sûr dès les années 1980.

Les conséquences de ce dépassement sont multiples et préoccupantes. Les organismes marins doivent dépenser plus d’énergie pour maintenir l’équilibre chimique de leurs cellules, au détriment de la croissance, de la reproduction et de leur résilience face à d’autres stress environnementaux. Les coraux, mollusques, ptéropodes et certaines espèces de phytoplancton sont particulièrement vulnérables. L’acidification affecte aussi les poissons, perturbant leur odorat et leur comportement, et modifie la propagation des sons sous l’eau, rendant les environnements sous-marins plus bruyants. Même les espèces non calcifiantes peuvent subir du stress face à la hausse du CO₂ et à la baisse du pH.

L’océan joue un rôle clé dans le climat : il absorbe environ 25 % des émissions anthropiques de CO₂, limitant ainsi le réchauffement atmosphérique. Mais ce service écologique a un coût : il accentue l’acidification des mers, mettant en danger la biodiversité et les écosystèmes marins dont dépendent des milliards de personnes dans le monde. Si les politiques et innovations industrielles, comme les efforts pour réduire les émissions de CO₂ et investir dans des technologies plus propres, sont essentielles, la situation souligne l’urgence de repenser notre rapport aux océans.

Source :

Rapport scientifique du Postdam Institute for Climate Impact Research (PIK) :

https://www.planetaryhealthcheck.org/wpcontent/uploads/PlanetaryHealthCheck2025.pdf


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